A la suite de nombreuses opérations médiatiques de la part de l’OIEF sous la présidence du SYNFIE, une délégation a été reçue au Sénat lors de la « commission sur l’influence des cabinets de conseil sur la mise en œuvre des politiques publiques ». Cette commission a identifié l’Observatoire comme étant un acteur d’intérêt suite à nos communications sur ce sujet dans le cadre de nos différents travaux, de la sortie d’un regard d’expert dans la Newsletter ESL & Network – Antidox et de nos interviews dans Le Figaro.
Durant la crise de la Covid19, nous avons constaté l’usage disproportionné des cabinets de conseil, avec plus de 28 contrats passés par le ministère de la Santé en un an, à sept cabinets, pour un total de 11,3 millions d’euros. Outre celui de McKinsey sur la stratégie vaccinale et la mise en place de la logistique de distribution du vaccin pour 3.4 millions d’euros, il y a « l’accompagnement logistique » confié à Citwell pour 1,2 million d’euros, « l’enrichissement du système d’information » réalisé par Accenture pour 594.000 euros ou encore « l’organisation de la supply chain » effectué par Roland Berger pour 370.000 euros.
Nous avons alerté la commission sur le risque de conflits d’intérêts, puisque certains cabinets conseillent des grands groupes pharmaceutiques, et se retrouvent à recommander ces derniers auprès de la puissance publique, sans que celle-ci ne connaisse les clients privés de ces cabinets de conseil. Nous avons également alerté la commission sur l’absence d’un recensement des interventions pro-bono des cabinets, et des doutes que nous pouvons légitimement avoir sur leur côté désintéressé dans ces interventions.
Enfin leur utilisation semble paradoxal, car après avoir accompagné et encouragé la réduction du nombre de fonctionnaires ainsi que la soumission de l’hôpital public aux contraintes gestionnaires, les grands cabinets de conseil se sont assurés un rôle clé auprès du pouvoir exécutif et de l’administration, pour façonner la réponse à la crise sanitaire. Pour faire simple, les firmes qui ont accompagné, voire encouragé les politiques d’austérité et de suppressions d’emplois dans la fonction publique se voient aujourd’hui confier la mission de pallier les défaillances qui en résultent, avec des résultats pas très probants.
Pour conclure, nous avons rappelé que la Cour des comptes a épinglé à plusieurs reprises l’utilisation des cabinets de conseil notamment en 2018, en indiquant que la qualité des travaux est souvent faible, les préconisations très générales et laconiques, et les livrables peu satisfaisants (manque de données chiffrées, absence d’évaluation des impacts financiers).
L’Observatoire de l’Intelligence Economique, sous la présidence du SYNFIE, se tient à disposition pour continuer à travailler en étroite collaboration avec les pouvoirs publics sur le sujet.